Publication n°3 de la série L’écoute sociale pour les nuls.

L’écoute sociale est un outil marketing bien utile pour les organisations puisqu’elle leur permet de comprendre en profondeur la dynamique de leur marché. Cependant, sont-elles les seules à en bénéficier ? Où se situe l’internaute dans cela ? Qu’en est-il de la protection de sa vie privée ? Est-ce qu’il devrait craindre l’écoute sociale ? Ces questions, pourtant faciles à poser, ont des réponses variées selon les contextes.  

Dois-je me méfier du dépanneur de mon quartier ?

Depuis le début de la série L’écoute sociale pour les nuls, nous avons présenté divers outils de social listening. Les organisations, entreprises, personnalités et autres utilisent ces outils pour comprendre la portée du marché de leurs produits sur les réseaux et médias sociaux.

Des sites tels que Facebook Analytics, Keyhole ou Hootsuite donnent accès à des informations classées comme publiques. Donc, si notre adresse courriel est privée sur Instagram, elle ne sera pas révélée par ces sites. Il en est de même pour l’âge, la ville, le sexe, etc. Cette pratique est la même pour chaque réseau social. Alors, si le dépanneur de notre quartier fait du social listening avec sa page Facebook, il peut seulement consulter nos informations publiques sur cette plate-forme. Techniquement, nous savons donc à quoi il a accès.

Pour consulter notre podcast de la semaine dernière au sujet de ces outils, c’est par ici!

Un petit truc : recherchez votre nom sur Internet, vous aurez ainsi une idée des informations publiques que vous partagez.

Mais

Il faut tout de même porter attention au point suivant. Certains moteurs de recherche, comme Google, demandent la création d’un profil pour accéder à des services. Gmail et Google Agenda en sont des exemples.

Sur la page du moteur de recherche google.com, il est possible de se connecter à notre compte. Parfois, pour rendre la démarche plus rapide, nous choisissons même de le laisser actif entre les consultations. Cependant, lorsque nous naviguons sur le Web, cette décision crée des traces quant aux informations publiques de ce profil.

Un petit truc : si vous désirez limiter le traçage de vos données, pensez à vous déconnecter de votre compte Google une fois vos tâches effectuées.

L’image de gauche démontre que le compte n’est pas connecté tandis que l’icône encadrée en rouge dans l’image de droite démontre que l’utilisateur est actif.

Comment faire la différence entre un compte Google connecté ou non.

Pour vous déconnecter, cliquez sur l’icône de votre compte et vous verrez l’option.

Comment se déconnecter de son compte Google.
Captures d’écran: google.com

Mon profil au plus offrant !

Telle que nommée plus haut, une partie de la collecte des données personnelles est générée à partir des profils sur les réseaux sociaux. Tout comme Monsieur et Madame Tout-le-Monde, les organisations en général ne voient pas nos informations privées. Par contre, les créateurs des réseaux sociaux y ont accès !

Dans le documentaire réalisé par Netflix, The Social Dilemma, d’anciens gestionnaires de grandes entreprises comme Facebook, Google, Instagram, etc. expliquent que, concrètement, ces géants ne vendent pas nos données aux annonceurs. À partir des informations de notre consommation sur leurs réseaux, ils génèrent des modèles qui nous représentent. Ce sont ces éléments qui sont vendus aux publicitaires. Y a-t-il vraiment une différence ?

Comment ça fonctionne ?

Une multitude d’algorithmes au service des plates-formes sociales effectuent la collecte de nos données. Les algorithmes se comparent à des explorateurs numériques qui scannent rapidement tout le contenu d’un profil. Une fois intégrés, ils analysent les résultats afin de comprendre nos dynamiques. Quelles pages avons-nous aimées, partagées, consultées ? Qui sont nos amis ? Quelles sont nos habitudes de consommation sur les réseaux sociaux ?

« Si vous ne payez pas pour le produit, c’est que vous êtes le produit » [1] (Tristan Harris)

Avec les résultats analysés, l’objectif des géants du Web est de nous garder le plus longtemps possible sur leur plate-forme. Pour ce faire, leurs algorithmes nous bombardent d’éléments qui nous intéressent. Pendant ce temps, des publicités sélectionnées à notre attention s’insèrent dans le contenu. C’est cela que les annonceurs achètent : la promesse d’exposition à leurs produits. En fait, ils sont les réels clients puisque l’argent vient d’eux.

Voici une entrevue de Tristan Harris, ancien employé chez Google, à l’émission d’Ellen DeGeneres. À 1 min 51 s, il parle du sujet abordé précédemment.

Source: https://www.youtube.com/watch?v=nxOb_3_yR_g

Mais comment se protéger ?

La protection sur Internet n’est pas un sujet nouveau. Avec l’augmentation de sa popularité, la crainte des virus et des logiciels espions a grandi. En 2020, bien que les pirates informatiques soient toujours du vocabulaire courant, la vente d’informations personnelles générées par l’écoute sociale l’est encore plus.

À l’heure actuelle, éviter l’utilisation du Web reste la meilleure solution pour se protéger contre ces intrusions. Autrement, ces alternatives peuvent nous aider :

  • Avoir un antivirus à jour afin de bloquer les intrus venant du Web.
  • 1234 et Fido ne sont pas des mots de passe sécuritaires. Nous le savons tous, mais le nom de notre animal de compagnie est beaucoup plus facile à retenir.

Un petit truc : inventez-vous une phrase, prenez ensuite la première lettre de chaque mot.
Par exemple : Marco aime les tomates de 3 Rivières ! Ginette aime celles de 7 Iles ! Ce qui donne: Maltd3R!Gacd7I!

  • Chaque mot de passe doit être unique.
  • Développer l’habitude de supprimer l’historique de navigation et les cookies.
  • Prendre aussi l’habitude de se déconnecter de nos comptes lorsque nous avons terminé.
  • S’assurer que les paramètres de confidentialité et de sécurité de notre navigateur sont bien configurés.
  • Effectuer la même vérification pour tous nos réseaux sociaux.
  • Lire les politiques de confidentialité afin de comprendre comment la gestion des donnée est effectuée.
  • Ne pas utiliser les accès Internet publics pour effectuer des activités confidentielles.
  • Vérifier que les pages où nous effectuons des transactions sont sécurisées.

Un petit truc : cherchez le https au début de l’adresse URL, le s vous confirmera que le site est sécurisé.

Qu’en est-il de l’éthique ?

L’enjeu avec l’écoute sociale est, qu’à l’heure actuelle, elle n’est pas bien règlementée. Alors, les propriétaires des réseaux et des médias sociaux peuvent collecter les données sans restriction. Le ministère de la Justice québécoise procède à la modification de la Loi sur la protection des renseignements personnels. Ainsi, plusieurs nouvelles limites légales amélioreront la sécurité entourant le numérique.[2] Parmi celles-ci, nous retrouverons l’obligation de vulgariser les conditions d’utilisation afin de les rendre compréhensibles pour tous.

Chaque grande arrivée technologique génère des conflits éthiques quant à la publicité. Entre autres, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications ainsi que la Loi sur la radiodiffusion régissent maintenant la radio et la télévision. La publicité pour les enfants de moins de 13 ans l’est par la Loi de la protection du consommateur. La différence est que les enjeux du numérique sont d’ampleur internationale ; les internautes reçoivent du contenu de partout. Est-ce que le gouvernement provincial, avec la modernisation de sa Loi sur la protection des renseignements personnels, pourra réellement protéger les données de ses citoyens ?

Un bilan s’il vous plait !

En résumé, l’écoute sociale en couvre large et son éthique porte à réflexion, et ce, principalement lorsqu’il est question de l’administration d’un réseau ou média social en lui-même. Ce sont les plates-formes comme Facebook, Instagram, Twitter, Google, TikTok, Snapchat et autres qui créent des modèles à l’image de leurs utilisateurs. Ils en profitent pour leur présenter du contenu qui les intéresse afin qu’ils restent connectés. Ensuite, ils vendent aux annonceurs la promesse des vues sur leurs publicités.

Cependant, les autres organisations, entreprises ou personnalités n’ont généralement pas la prétention de vendre les profils. La raison est qu’ils n’ont pas accès aux informations privées des internautes. Ils utilisent simplement l’écoute sociale pour comprendre les marchés qui entourent leurs produits. 

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Consultez nos publications antérieurs afin de mieux saisir les notions d’écoute sociale et le fonctionnement des outils qui l’entourent.

L’écoute sociale pour les nuls – L’écoute quoi ?
L’écoute sociale pour les nuls – Les outils

Consultez également nos collaborations musicales avec Dr. Turner.
Internautes à vendre
L’écoute sociale pour les nuls – Dr. Turner

Références:

[1] Orlowski, J. (2020). The Social Dilemma. Netflix. Repéré à https://www.netflix.com/

[2] Ministère de la Justice Gouvernement du Canada. (2019, 20 août). Modernisation de la Loi sur la protection des renseignements personnels : Document de discussion. Gouvernement du Canada. Repéré à https://www.justice.gc.ca/fra/sjc-csj/lprp-pa/dd-dp/modern_1.html

De Lancer, A. (2020, 14 janvier.) Notre téléphone nous écoute-t-il ? ICI Radio-Canada Première | Balados, livres audios. Repéré à https://ici.radio-canada.ca/premiere/balados/6108/ca-sexplique-balado-info-alexis-de-lancer/episodes

ICI.Radio-Canada.ca, Z. T. (2013, 7 novembre). 10 conseils pour protéger son identité sur Internet. Radio-Canada.ca. Repéré à https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/635144/conseil-fraude-protection-identite-internet-securite

Lévesque, F. (2020, 12 février). Données personnelles : Une loi avec plus de mordant. La Presse. Repéré à https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2020-02-12/donnees-personnelles-une-loi-avec-plus-de-mordant

Panda Security Mediacenter. (2019, 22 février). Comment protéger son identité numérique ? Panda Security Mediacenter. Repéré à https://www.pandasecurity.com/fr/mediacenter/conseils/proteger-identite-numerique/

Office de la protection du consommateur du Québec (2017, 24 novembre). Règles sur la publicité destinée aux enfants. Gouvernement du Québec. Repéré à https://www.opc.gouv.qc.ca/commercant/pratique-commerce/publicite-loi/publicite-enfant/